Le corps du cinéma: hypnoses, émotions, animalités
Raymond BellourCe livre cherche à comprendre ce qu'est un spectateur de cinéma. Le parti pris essentiel de ce livre suppose une équivalence entre l'état de cinéma compris comme hypnose légère et la masse des émotions éprouvées au cours de la projection d'un film. Il s'agit des émotions premières que Daniel Stern a nommées des affects de vitalité : les réactions sensibles induites chez le tout petit enfant par la construction corporelle et psychique de son expérience, qui sont autant de signes précurseurs du style dans l'art. Ce corps d'hypnose et d'émotion est aussi un corps animal. Dès sa conception et sans cesse au fil de son histoire le cinéma s'est voué à la figuration animale. On la cerne ici à travers le cinéma américain où l'animal, entre pastoralisme et wilderness, occupe une fonction anthropologique première ; et dans des oeuvres du cinéma moderne européen, d'où ressort une vision plus ontologique.